Extrait de : Le triumvirat noir


Ces trente-trois vertèbres aux étranges courbures devinrent l’objet fétiche, le gris-gris de toute la tribu ; la musique terrifiante à l’aide d’ossements de toutes tailles, animaux comme hommes, sur la colonne, se transforma bientôt en un langage primitif, ce fut la première formule magique de l’homme, une invocation très forte, un cri originel défiant la nature...
Ce sont les trois lignes, car le mot est vibration et la vibration est l’ invisible, qui sont à l’origine du langage, des premiers cris conscients, du pouvoir de ces cannibales. Ces trois lignes sont réellement magiques et remontent du plus profond de nos vies, de nos ténèbres, de nos esprits, de la première forme d’une autre conscience de l’homme.
Dès lors il réfléchit plusieurs fois avant de manger son prochain.
Les trois lignes furent ensuite gravées sur la colonne du sorcier mort, de symboles inconnus ; les vertèbres devinrent sons, les cris devinrent notes, des mots firent leur apparition par la suite.
Les trois lignes ont plus d’écho, plus de force, plus de pouvoir et d’influence lorsqu’elles sont prononcées par trois personnes ; le pouvoir de ces phrases s'en retrouve alors non pas triplé mais centuplé...